- Des humains, ce sont des humains !
À ce moment, un poids semblait se retirer de sur mes épaules. Cela pouvait paraître fou de penser qu'il n'y avait plus aucun autre humain sur terre, mais après tout ce temps sans croiser âme qui vive, cela nous a évidemment traversé l'esprit.

Lorsque l'invasion silencieuse a commencé, nous vivions heureusement en dehors de la grande ville. Dans ma jeunesse nous vivions à Pheonix, mais nous avions déménagé dans une petite maison loin de tout quelques années auparavant. Puisque nous étions très occupés à prendre soin de la maison et du champs, il était rare que nous ouvrions la télévision ou la radio. Nous n'avons été mis au courant de ces événements étranges que lorsque les gens ont commencé à paniquer. Nous n'avions eu que trop peu de temps pour nous préparer.

Plus jeunes, lorsque mon père nous avait quittés, mon grand frère, Jacob, a commencé à prendre soin de nous toutes. Alors dès qu'il a commencé à sentir le danger rôder, il n'a pas hésité. Je me souviendrai toujours de cette fois où il a brûlé pratiquement toutes nos photos de famille, et ma mère en larmes qui le regardait faire. Elle comprenait que c'était pour éviter que ces étrangers sachent combien nous étions dans cette maison, au cas où ils viendraient l'envahir, et ainsi partir à notre recherche immédiatement. Mais regarder ces souvenirs devenir cendres, elle a trouvé cela très difficile. Il en a gardé quelques unes qu'il a mit dans un sac à dos qui était désormais notre sac de secours au cas où nous devrions quitter rapidement la maison.

Ils sont venus un mercredi matin. Il y avait plusieurs voitures, des troupes qui entraient dans toutes les maisons de la rue. Jacob se levait tous les matins très tôt pour qu'on ne se fasse pas prendre par surprise. Il est venu nous réveiller en premier, moi et ma soeur, pour nous ordonner de nous préparer le plus vite possible en ne prenant que le strict nécessaire. Ma mère s'est levée en trombe pour nous aider. Alors que nous étions prêts à partir, elle nous a fait sortir par l'arrière de la maison afin que l'on se cache dans le champs de blé, mais elle ne voulais pas nous suivre. Des larmes coulaient sur ses joues pendant qu'elle nous embrassait sur le front pour la dernière fois.
- S'ils ne trouvent personne ici, ils partiront à notre recherche. Il faut que quelqu'un reste.
- Mais ils sauront que nous existons s'ils en implantent un en toi! répliqua mon frère.
- Je ferai ce qu'il faut.
Je n'ai jamais osé m'imaginer ce qui lui était arrivé. Elle est morte, sans doute.

Nous sommes partis vers le Nouveau-Mexique. C'était le plan, nous devions essayer de retrouver de la famille là-bas, des oncles, des tantes... Mais à pied, ce n'était pas évident. Surtout qu'il fallait surtout marcher principalement le soir, loin de la route et en même temps pas trop loin pour pouvoir savoir où nous étions rendus.

Lorsque nous sommes entrés dans le Nouveau-Mexique, ma soeur était devenue très impatiente. Jusqu'à maintenant, nous n'avions rencontré aucun réel danger, et cela la fatiguait de toujours marcher de nuit. Alors nous avons commencé à marcher plus longtemps, de la tombée de la nuit allant presque jusqu'à l'heure du dîner... Un matin, alors qu'on traversait un quartier de petite maison de campagne, nous avons été pris en plein coeur d'un raid de traqueurs. Plusieurs voitures parcouraient les rues, les maisons étaient inspectées même si la majorité était habitée par des âmes. Il fallait absolument sortir de là avant qu'on ne nous découvre. Nous allions alors de maison en maison par la cour arrière, mais nous devions faire des pauses allant de 30 secondes à 5 minutes entre chaque, selon la position des traqueurs. Alors que nous étions finalement tout prêts d'un grand champs, nous avons été séparés... Moi et mon frère étions déjà rendus à la prochaine maison, mais ma soeur a trop hésité et des traqueurs ont passé tout près... Je me souviens de la panique dans ses yeux alors que mon frère nous trouvait une cachette et lui faisait signe de faire de même de son côté. Nous avons entendu des voix ;
- Là, derrière ! J'ai perçu quelque chose !

Dans l'urgence, moi et mon frère nous sommes glissés sous la toile d'une piscine creusée. Avant que ma tête entre à l'eau, j'ai entendu ma soeur crier. Sous l'eau, j'ai fixé mon frère, même si cela me brûlait un peu les yeux. Je voyais la peur et la tristesse dans son visage, je savais qu'il aurait l'impression de l'avoir abandonnée. Alors que nous étions à 2 doigts de se noyer, nous sommes tranquillement remontés à la surface, mais il n'y avait plus personne, et ma soeur non plus.

Maintenant qu'elle était prise, il a fallu changer de plan. S'ils inséraient une âme en elle, elle leur indiquerait notre destination. Nous devions donc revenir sur nos pas, c'était plus sûr. Nous étions revenus en Arizona, recommençant à marcher de nuit seulement, et en prenant un chemin différent au cas où ils retraceraient notre route.

Nous étions en manque de vivres, nous sommes entrés dans un magasin pour nous refaire des provisions pour plusieurs jours. Nous étions au fond du magasin, en silence et sans lumière, quand on a entendu des pas. Une lampe torche éclairait les allées, et on entendait des bruits, c'était sans aucun doute un groupe. Mon frère m'a serré la main très fort, nous étions assis au bout d'une rangée d'étagères, quand on a entendu des pas s'approcher.
- Cours ! m'a-t-il dit.

Mes jambes ont semblé bouger toutes seules, et je me suis mise à courir le plus vite possible vers la sortie. Dans mon élan, j'ai frappé violemment un homme qui voulait me barrer la route, et j'ai sentit ses mains se refermer sur mes bras. Je me suis débattue, mais il était très fort.
- Skye !

Mon frère m'a rejoint pour me libérer, mais nous étions entourés. La lampe-torche m'a aveuglée, et j'ai sentit son emprise se relâcher. Ils ont fait de même pour vérifier les yeux de mon frère. Il y a eu un petit rire commun dans le groupe. En passant la lumière sur leur visage tour à tour, on en compris qu'ils étaient autant humains que nous l'étions.
- Des humains, ce sont des humains !

Je riais de façon presque hystérique. J'ai regardé mon frère, tellement heureuse et soulagée. Lui avait le visage sévère, bien que je voyais un petit soulagement qui émanait de lui.

Le groupe nous a expliqué rapidement leur cheminement, en nous parlant de leur habitation secrète dans le désert, dans l'état voisin. J'étais très enthousiaste de me retrouver auprès d'un groupe de survivants, et malgré qu'il aurait sans doute refusé leur offre, mon frère a accepté que l'on se joigne à eux, je crois que c'était pour me faire plaisir.

Nous les avons suivis pendant les semaines suivantes, car ils venaient à peine de commencer cette excursion pour reprendre des vivres, et cela durait plusieurs semaines avant de retourner dans les cavernes. Nous venons donc tout juste d'arriver dans le désert, il ne nous reste qu'à tout découvrir.