Elles s'érigeaient dans les airs comme un rempart bleu. Le sourcil provocateur et le sourire carnassier, inondé de challenge, l'oiseau avide de liberté fondit dans la spirale infernale. Prostré sur sa planche, il s'était engagé dans un ballet endiablé avec sa muse. Elle était sa Némésis, son euphorie, son inspiration. L'ivresse l'avait gagné. L'oiseau avait délaissé ses ailes pour des nageoires. Ils ne formaient plus qu'un. Les muscles contractés, les cheveux déliés, il se sentait comme un véritable poisson, en symbiose avec les vagues qui avalaient goulument l'air sous leur passage. Il lui semblait voir des sirènes au large, à proximité du manteau de sable blanc. L'appétit s'éveilla. Abandonnant sa planche sur la terre ferme, le grand dadet se joignit aux chimères des océans dont le rire sonnait comme du cristal à son oreille. Blonde, brune et rousse, elles offraient une nouvelle vision des plages d'Hawaï, une vision gorgée de quintessence. Le pauvre homme qu'il était se sentit tout à coup démuni, en proie à ses plus bas instincts. « Saluuuut les filles! Permettez-moi...Je vous sentais désespérément seules...Alors me voici, grand et vailland! Figurez-vous qu'alors que je surfais, j'ai aperçu au loin de jolies sirènes...Moi, pauvre homme, n'ai pu résister face à tant de beauté! » Les trois princesses des océans le considéraient l'espace de quelques secondes, sceptiques. Un sourire mielleux peignit leurs lèvres vermeilles. « Et quel est votre nom, beau Poséidon? » Non seulement ces trois désirables créatures avaient le don de la beauté, mais également celui de l'humour. Ça y est...Cosmo était tombé amoureux des trois demoiselles. Au menu; sushis frais! « Cosmo, mais tout le monde m'appelle Cosmo! » C'est ainsi que se déroulaient ses journées, à courtiser les vagues et partir à la pêche aux friandises. Notre charmant Hawaïen était réputé pour être un véritable coquin.

Ils s'étaient défiés du regard. Tout ça aurait pu finir en bain de sang. Les deux coqs se sont fièrement affrontés, yeux dans les yeux, voraces. Ni l'un ni l'autre ne voulait admettre une défaite. Entre eux, c'était continuellement des défis. Ce n'était ni une question de haine ou d'amitié, mais le désir Alpha d'être surpuissant et de dominer l'autre. Un simple pari les avaient détournés d'une vie gorgée de flemmardise. Baignés dans leur fumette et leur liqueur exaltante, aspirant les nuages toxiques qui s'étaient formés autour de leur être, les deux comiques se sont lancés un ultime défi; rentrer dans la marine. Ils déliraient sur demoiselles gonflées à bloc pour dire « oui chef » à longueur de journée. Ils s'étaient foutus de la gueule de ces poupées en plastique, adeptes de la gonflette. Pourquoi ils s'étaient échoués sur ce stupide pari? Sans doute étaient-ils tous les deux un peu idiots? Le cascadeur et le vendeur de vidéos pornographiques s'étaient serrés la main, une lueur enflammée plantée dans leurs vifs écrins. Ils formaient ainsi les pires marines que la navi ait pu engagé depuis des années lumières. Ensemble, ils faisaient tourné la tête à leur congénères, récoltant au passage quelques corvées.

On ne sait pas vraiment ce qui l'avait rendu si aigre et asocial. Depuis l'invasion, Cosmo ne prêtait plus confiance à l'humanité. Elle avait était dépouillée de ses droits et maintenant, le jeune homme et quelques autres rescapés devaient faire face à la surpopulation des « lardons ». Il avait opté pour la solitude, vivant au jour le jour comme un vagabond, en quête d'âmes à traquer. Dissimulé sous son chapeau, sa cape et ses gants en cuir, l'ex-marine avait des allures de cowboy. Sa seule véritable amie n'était nulle autre que sa carabine K98K. Un peu bizarre, il dissimule sous son artifice de nombreux ustensiles destinés à servir d'armes, comme un poignard, un 357 magnum, un colt US cavalery, un tuyau métallique attaché à sa ceinture, une paire de rasoirs, une hache de pompier et une machette. On se demande parfois comment il fait pour cacher tout ça. Cosmo a toujours été du genre « On ne sait jamais ». Vouant un culte à Rambo, Indiana Jones, Obiwan, Chuck Norris, Cosmo se prend parfois pour un de ces grands hommes. Malheureusement, sa maladresse le rend bien souvent ridicule. Il prend toute cette mésaventure pour un jeu. Adepte de l'adrénaline, l'hawaïen joue un peu trop souvent avec le feu, et entraine ses compagnons d'infortune dans sa bacchanale.