Des souvenirs, voilà, les seules choses qui nous reste de nos vie passées sur cette terre. Tout ce que nous avons connu, nous ont été enlevé sans bruit, jusqu'à ce que nous ouvrions les yeux, brusquement. Il m'arrive parfois de rêver à une vie où rien n'a changé, où Max est toujours au creux de mes bras, et où j'étais en sécurité dans la maison familiale, avec Gwen et mes parents. Cependant, quand je me réveille la situation est toujours la même. Je suis toujours allongé dans cette grotte dans le désert, parmi les résistants. Et la réalité se rappelle alors à moi.

Twelve years ago, memories.
Je me souviens de la fois où nous sommes partis en Bretagne, rien que tous les quatre en famille. La France, la destination de rêve pour mes parents. Ils nous avaient donnés des prénoms bretons en hommage à cette région. Je ne devais pas avoir plus de dix ans. Je me souviens du goût salé des embruns sur mon visage, et du rire de Gwen. Nous courions sur la plage, les pieds s'écrasant dans le sable mouillé, salissant nos vêtements. Nous rions tellement que nous n'entendions pas nos parents nous hurler d'arrêter. Je finis par trébucher et m'étaler de tout mon long dans l'eau, me faisant assaillir par les vagues. Ma sœur, elle, préfère s'arrêter pour se moquer de moi. La surprise s'estompe rapidement, et je me remets à rire avec elle. Mes parents ne tardent pas à nous rejoindre, bras dessus bras dessous, un regard réprobateur, même si un sourire subsistait sur leur visage. J'ai du revenir à l’hôtel, trempé comme une souche. Ma mère m'a dit que cela me servirait de leçon, et le rire de Gwen ainsi que mon paternel résonnaient derrière moi, alors que je marchais bizarrement, car je détestais la sensation des vêtements mouillés sur ma peau. Lorsque les vacances ont pris fin, nous sommes repartis aux États Unis, le cœur lourd et déçu de quitter un endroit si paradisiaque, loin de la réalité.

Few years ago, memories
La vie a suivi son cours, je suis toujours aussi bien dans ma famille. Mais j'ai grandis, j'ai mûri. Je suis tombé amoureux aussi, Maxine ou Max. Meilleure amie puis, plus. Je ne m'étais jamais rendu compte qu'elle pouvait peut être intéressée à moi et que l'on puisse, un jour, partagé plus que de l'amitié. Mais, c'est arrivé à mon plus grand plaisir. Ce petit bout de femme était mon rayon de soleil parmi les nuages, rien que ça. Nos parents respectifs étaient bien entendus plus qu'heureux de la tournure que prenait les événements. Ils se promettaient même plus dans l'avenir que nous le faisions, Max et moi. Un mariage, un bébé, les deux familles réunies, voilà ce qu'ils avaient en tête et je ne pouvais pas dire que je détestais l'idée. Je n'avais qu'à fermer les yeux pour m'imaginer dans quelques années, auprès de Max, encore et toujours. La voir mère de nos enfants. Rien de plus facile que d'imaginer l'avenir.

L'invasion, memories
La télévision arrête de parler de guerre, d'agressions, de violence. On se croirait dans un remake des années 68, les années peace & love, où tout le monde se côtoie et s'aime sans conditions, ni ressentiments. C'est déroutant, je trouve ça bizarre. Je me souviens du père de Max, qui était venu me voir, un soir.  « Ewenn, emmène les filles aussi loin que tu le peux, protège-les. Les extra-terrestres nous ont envahis, il n'y a pas de temps à perdre », m'a t-il dit, en m’agrippant le bras. Même si la théorie me semblait folle, je ne pouvais m'empêcher d'y croire. J'ai prévenu Gwen, nous sommes partis en laissant nos parents derrière nous. J'ai emmené Max, comme son père me l'a demandé et Louise, son aîné. Une sacré casse pied, mais nous ne pouvions pas l'abandonner. Nous avons continué, nous nous sommes enfuit tous les quatre. Nous avons fini par trouver des résistants dans le désert de Mojave. C'était un peu comme un soulagement.

Mission, enlèvement, déception, memories
A présent, la vie dans le désert avec les autres humains consistent à partir en expédition pour trouver de la nourriture, et donc survivre. Je n'étais pas toujours d'accord avec le patron, en ce qui concernait ses choix de volontaire en ce qui concernait les "missions". Surtout lorsqu'il s'agissait de Max et Gwen. La plupart du temps, je me taisais, mais lorsqu'il décida de les envoyer toutes les deux, et seulement toutes les deux, je me suis mis à protester. Mais cela n'eut aucun effet. Elles sont parties toutes les deux, et leur expédition à tourner au drame. Gwen est revenue en courant, les larmes aux yeux catastrophées. Mon cœur se serra. Max n'était pas avec elle, il lui était arrivé quelque chose. C'était-elle fait attrapée par les âmes ? Gwen ne tarda pas à m'apporter la réponse, confirmant mes craintes. Des jours passèrent sans aucunes nouvelles de Max, j'étais abattu. J'avais promis à son père que je prendrais soin d'elle, d'elle et Louise, et j'avais failli à ma parole. Deux fois. Et je l'avais perdue. Pourtant, elle est revenue indemne, pas d'yeux translucides, ni de cicatrices à la base du cou. J'étais tellement soulagé ! Pourtant, je ne fus pas la première personne qu'elle vint voir, mais Gwen. J'aurais compris si c'était Louise qu'elle serait venu voir, si cette dernière était encore parmi nous. Mais ce fut pire lorsque je surpris la conversation des deux jeunes femmes. « Tu m'as embrassée Max, tu m'as embrassée !!! » , criais Gwen. Je tombais des nues, j'aurais pu m'attendre à tout, mais certainement pas à ça. J'ai senti la colère afflué, je me sentais trahi, trahi par ma meilleure amie, ma petite amie de surcroît, celle que je voyais être mère de mes enfants, mon soutien et ma femme, pour la vie. Même le peu qu'il nous reste à vivre. Je restais planté devant Max, alors que Gwen s'était fait la malle. Ce fut à mon tour de hurler. « C'est vrai ? » « Oui... Mais je t'aimais aussi Ewenn, croit moi, je t'aime toujours d'ailleurs mais d'un amour tout autre, tu es... Mon meilleur ami, depuis toujours et tu le resteras ! », me répondit-elle. Je souris tristement, peut être parce que c'était la seule réaction que je pouvais avoir. « Non, je ne crois pas... », déclarais-je avant de tourner les talons à mon tour.