Cosmo & Rosie

Le soleil. Cette étoile ardente dans le ciel, cette boule de feu dont j’étais dépendante depuis des milliers d’années. Depuis ma toute première vie, j’éprouvais ce besoin vital de lumière, ce plaisir immense lorsque les rayons du soleil caressait mes pétales, et maintenant ma peau d’humaine. Dans le fond, rien n’avait changé. J’étais la même rose d’or que j’avais été il y a fort longtemps. Mon apparence avait changé, et mes émotions aussi. Décuplées, exacerbées … Mon cerveau n’était plus qu’un champ de batail entre mes sentiments tous aussi contradictoires les uns que les autres. L’amour, la culpabilité, la trahison, la peur … Voilà ce qui était nouveau pour moi, mais pour le reste, je m’acclimatais plutôt bien à ma nouvelle vie sur Terre. J’adorais cette planète. Sa beauté était sans égal, et son peuple si … Etrange. Il m’aurait fallut des siècles pour comprendre la logique de ces-derniers, pour cerner parfaitement leur perception de la vie. Il était si différents, et pourtant si attachants …

Le soleil. Le moment le plus difficile pour moi est surement lorsqu’il disparait derrière les montagnes. Je deviens comme un poisson sur l’herbe, désorientée et apeurée, n’ayant que pour seule hâte celle de rentrer chez moi, d’allumer toutes les lumières et de retrouver celle qui parvenait à me faire oublier la pénombre. Il devait être aux alentours de 17h et je venais de fermer la boutique. La journée avait été longue mais agréable. La porte du magasin n’avait cessé d’ouvrir et de nombreuses clientes s’étaient fait plaisir en prenant des vêtements de la nouvelle collection. J’étais épuisée et j’étais pressée de rentrer. Depuis quelques mois, une inquiétude ne me quittait jamais. Une boule demeurait dans mon ventre, un sentiment de peur et de culpabilité, telle une hors la loi qui tenterait de faire bonne figure. Une humaine était cachée chez moi, mais ce n’était pas n’importe qui. Riley était l’être aimé de mon hôte. Prendre soin d’elle m’était apparu comme une évidence, étais-je pour autant devenu une traitresse ? J’essayais chaque jour de me convaincre du contraire, mais il n’y avait pas une minute où je ne craignais pas qu’on la découvre chez moi et qu’une âme vienne prendre possession de sa personne. Cette idée me fit frémir tandis que je conduisais en direction de mon appartement. Je ne vivais pas dans le centre-ville, tenant trop à ma tranquillité pour cela. Ce choix de vie s’était avéré bénéfique puisque pour la sécurité de Riley, mieux valait qu’elle se tienne loin de mes congénères. Le soleil chauffait encore dans le ciel, et mon auto sembla soudainement quelque peu affectée par cette température étouffante. Le moteur se mit à faire un ronflement inquiétant et de la fumée blanche sortit de sous le pare-choc. Il ne manquait plus que cela ! S’il y avait bien un domaine dans lequel j’étais une véritable ignorante, c’était la mécanique ! Je m’arrêtai sur le bas côté de cette route isolée, entourée d’une végétation tristement sèche et jaunit par le soleil. Je regrettait déjà de ne pas avoir suivis de cours de ce genre à mon arrivée sur Terre … Savoir réparer une voiture m’aurait été bien utile à ce moment très précis. Je me dirigeai vers l’avant de la voiture et tentai de trouver comment ouvrir ce satané capot. Pendant près de 5 minutes, j’étais là à chercher de partout un quelconque interrupteur qui ouvrirait par magie l’avant de l’auto. En vain. J’étais bien idiote, car même si j’étais parvenu à l’ouvrir, j’aurais été bien désarmée devant le problème … Je m’apprêtais donc à me saisir de mon téléphone portable, laissé sur le siège passager, pour appeler un dépanneur. Le temps m’était compté, le soleil n’allait pas tarder à se coucher et la simple perspective de devoir conduire de nuit me fit frissonner. Tandis que je composais le numéro, j’entendis un bruit suspect derrière ma voiture. Mon cœur fit un bond et le portable glissa d’entre mes mains pour aller se casser en deux morceaux sur le goudron de la route …

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