Je pourrais vous dire que je suis un pauvre petit orphelin, qui vivait dans les rues, et que c’est ça qui explique mon caractère de chiotte. Mais c’est pas vrai ; j’ai toujours été comme ça. Et je vous remercie, mais j’ai eut mes deux parents, et une enfance plus ou moins tranquille, même si certes j’ai fait des conneries, comme tout gosse qui se respecte. Cependant, contrairement à ma sœur qui se faisait attraper à faire le mur ect, moi j’ai toujours été assez intelligent pour ne pas me faire avoir. Monter des plans, réfléchir plutôt que de me jeter dans la gueule du loup, c’était ca, ma petite technique. Et puis un jour, ca a fini par déraper, sinon, c’aurait pas été drôle, faut croire.
J’avais 15 ans, et ce soir là, alors que je rentrais par la fenêtre de ma chambre, j’ai entendu du bruit en bas des escaliers, des voix ; celle de mes parents. Ils se hurlaient dessus. En ce moment, c’était assez fréquent, mais ca finissait toujours par s’arranger, alors je ne pensais pas que cette fois ci ce serait différent. J’avais tord. Mon père avait bu, et, curieux que j’étais, j’étais adossé au mur, dans l’ombre, près de l’encadrement du salon où tout deux se tenaient. Je jetais un œil par moment, discrètement.
C’est là qu’il s’est jeté sur ma mère en hurlant, la faisant tomber au sol. Je n’ai pas eut le temps de réfléchir ce coup ci. Sous le coup de l’impulsion, et du fait de devoir agir rapidement, aucun humain ne pouvait réellement penser à ses gestes. Par contre, on pouvait toujours analyser, et je n’ai pas oublié de le faire. J’ai attrapé le bras de mon père, et ai poussé ce gros lard beurré, qui n’eut aucune peine à s’effondrer contre le mur, avant de se relever.
« De quoi tu te mêles, merdeux ! »
Je n’avais certes jamais eut de très bon rapport avec lui, mais c’était bien la première fois qu’il me parlait ainsi. Je sentais cependant qu’on n’allait pas s’arrêter là niveau nouveautés gênantes.
« Tu la touches pas et tu vas t’coucher, ca m’semble un bon deal, non ? »
C’était le plus poli que je pouvais faire. J’avais toujours parlé comme un charretier, un camionneur, et devinez de qui je tenais ça ? De mon gentil petit papa d’amour, ouais. A cette époque, je l’appréciais peut être encore, maintenant, je lui cracherais bien à la tronche, et je lui latterais les burnes. Le paternel se releva avec peine, et je me souviens encore de cette odeur écœurante de whisky qui s’échappait de lui, c’était une bouteille de Jack’ à lui tout seul. Il s’avança vers moi, et me plaqua d’une seule main au mur, si bien que je ne touchais plus le sol. Je commençais à devenir rouge, à suffoquer. Réfléchi Fal’, fais pas le con. Je me souvins tout à coup que je ne sortais jamais dans Jacksonville sans un petit couteau dans la poche, on était jamais trop prudent ici. Tant bien que mal, a main tremblante, j’ai attrapé l’objet tranchant, et lui ai ouvert le dessus de la main du bras qui me tenait. Il me lâcha, et recula, se tenant l’avant bras, en criant. Je me suis étalé, et repris mon souffle avant de me relever, le pointant avec le couteau sans ciller.
« Maintenant, tu te barres ! Tu te casses ! Jusqu'à être sobre, connard ! »
Et il est parti après un combat de regard intense. Je suis bien resté vingt minutes le couteau à la main, pointé sur la porte, à attendre de voir s’il allait revenir en furie, mais il n’en fut rien. D’ailleurs, il n’est jamais revenu, et ca nous a bien mit dans la merde tout ça. Ma mère à galéré à subvenir à nos besoins, et c’est là que j’ai arrêté les cours, après ma formation de mécanicien, et que je me suis à bosser dans un garage qui tournait plutôt bien…
Ma rencontre avec les âmes ? Je crois que tout le monde en a entendu parler aux médias, etc, au début, avant d’en voir en vrai. Je me suis levé un jour, ca m’inquiétait pas vraiment, j’y croyais moyennement. En sortant de mon appartement pour ramasser le journal que le p’tit mioche de la ville venait de jeter sur le pas de ma porte, et lorsque je me suis relevé après l’avoir fait, je me suis retrouvé en face de mon père. Celui que je n’avais pas revu depuis des années. Je suis resté là, comme un con, à le regarder d’un air méfiant. La cicatrice qu’il portait à la main me rappelait le passé, mais lui, l’avait sensiblement oublié. Ses yeux avaient cette lueur étrange qu’on voyait a la télé et qu’on décrivait à la radio – un bon mécano travaille avec la radio. – et il souriait. J’avais envie de lui en coller une, avant qu’il ne le fasse, mais non, il avait l’air encore plus bête que moi, il ne bougeait pas. J’ai même faillit sursauter lorsqu’il m’a parlé.
« Ca va fiston ? »
Je crois que c’est à ce moment là que j’ai fait la tête la plus étrange de toute ma vie, avant de faire la relation avec ce qu’il se passait sur terre. J’ai observé mes voisins, ils souriaient tous comme lui, me faisaient coucou, alors que d’habitude tout le monde m’ignorait comme le dernier des chiens que j’étais parce que je les insultais à longueur de journée. J’ai tout de suite pensé à ma mère et suis partie en courant chez elle. Ma sœur ? Rien à faire, elle avait qu’a se demmerder, j’suis pas la garderie non plus. Mais on ne touche pas à celle qui a trimé pour me faire survivre, surtout que j’ai toujours été un pur blaireau avec elle.
Quand je suis arrivé, c’tait trop tard, ces putains de vers à la con l’avait d’ja eut. Elle m’amenait un plateau de cookies en souriant et en m’proposant de rentrer.
« Tous, sauf toi..»
Je suis resté quelques heures avec elle, mais je ne la reconnaissais plus. Après moulâtes tumultes intérieur, je me suis levé, et lui ai tiré une balle en pleine tête. Je ne voulais pas qu’il la garde. C’était ma mère.


Depuis ce jour, j’ai trainé, à droite, à gauche, je me bats pour que la planète redevienne ce qu’elle était, ou, tout du moins, faire reculer ces voleurs de corps. Je suis devenu ce que certains appelle un rebelle, un résistant, et je vis parmi eux dans le désert, je les aide sans vraiment le faire, on vient parfois me voir pour certains plans, mais sinon, je ne me suis jamais vraiment mêlé a ses personnes, très rares sont ceux que j’estime et surtout, que je considère comme fiable et bons.