❝ Your face won't leave my head…❞
Feat Andrew Connors and Azylis Caldway

Sa main effleura la surface, créant sur son passage une onde aquatique parfaitement circulaire, se répercutant sur un important diamètre. La sensation de l’eau sur sa peau brûlante était appréciable et en ces lieux elle pouvait sentir le sel sur ses lèvres et sa langue sans même porter ses doigts à son visage. Avec ses mains, elle forma un petit réservoir où elle recueillit de l’eau pour la porter à son visage qu’elle éclaboussa. Elle releva ensuite la tête exposant son visage, au teint légèrement halé, au soleil de plomb. Mettant sa main en visière, elle ouvrit les yeux pour observer le ciel si parfait, sans l’ombre du moindre nuage. Voler lui manquait. Elle avait toujours adoré les sensations que l’on pouvait ressentir dans les airs, c’est principalement pour cette raison qu’elle avait choisi son métier autrefois. Mais, elle n’avait pas eu l’occasion de piloter depuis plus de deux ans, à l’époque où les âmes avaient investi leur planète. Depuis ce jour là, tout était différent. Les images de ses « choses », à l’apparence si frêles tenant sur les paumes de mains humaines et pourtant si puissantes apparurent dans son esprit. Depuis leur arrivée, elle survivait, comme d'autre humains dans ce monde. Malheureusement, ils n'étaient pas nombreux à avoir eu l'opportunité de s'enfuir. Chaque jour était un combat, mais elle s'estimait toujours autant chanceuse d'être encore là aujourd'hui, et surtout de ne pas cohabiter avec l’une de ses infâmes bestioles. Elle ne pouvait accepter les actes de ses âmes. Vivre à la place d'une personne, prendre le contrôle de son esprit et de son corps. Elle préférait mourir que d'être l'une de leurs marionnettes!

Malgré qu'elle soit dans ses pensées, ses sens étaient aux aguets, comme toujours. Elle perçut alors des pas se rapprochant dangereusement dans sa direction. Personne n’était à l’abri et surtout « Elles » étaient omniprésentes et pouvaient être insérées dans n’importe qui. Dans un geste, sa main s’était portée sur son arme, et elle se retournait pour affronter son adversaire. Elle s’arrêta aussitôt dans son élan en croisant le regard d’Andrew. Doigt posé sur la détente, elle fixait intensément ses prunelles aux éclats dorés, dans la recherche d’un élément qui démontrerait qu’il était un des leurs. C’était plus fort qu’elle, depuis l’invasion elle restait perpétuellement sur sa défensive. Personne ne pouvait se permettre de baisser la garde. Ils étaient traqués et personne n’était à l’abri. Mais, pour son plus grand bonheur, le regard du jeune homme n’avait rien de similaire à celui d’une âme. Remettant la sécurité après de brèves secondes de silence, elle replaça son arme à sa place initiale. Sans un mot, elle lui tourna le dos, prenant place sur le sol à proximité de l’eau, pouvant y percevoir son reflet à la surface. Elle savait qu’il allait la rejoindre…

❝ Your face won't leave my head…❞
Feat Andrew Connors and Azylis Caldway

Se retrouver avec une arme pointée sur soi n’était pas une situation des plus confortables, mais la jeune femme avait réagi par instinct. Dès lors qu’elle avait confirmé la nature de l’homme face à elle, elle s’était ravisée. Il s’agissait de prudence, et l’arrivée d’Andrew l’avait tiré de pensées bien sombres et pourtant si réelles. Les âmes. Elles trottaient forcément dans la tête de n’importe quel être humain encore indemne. Elles étaient leur problème actuel, une menace qui prenait toujours un peu plus d’importance à chaque nouveau humain qui était capturé et inséré.

N’esquissant pas l’ombre d’un mouvement en voyant le reflet du jeune homme se dessiner à ses côtés, elle s’enfonça dans son mutisme. Finissant par plier les jambes et ramener ses pieds vers ses fesses, elle encercla de ses bras fins ses genoux et posa son menton dessus. Le regard porté sur l’horizon, elle savait que tôt ou tard, il prendrait la parole. Que ce soit l’un ou l’autre, l’un des deux finirait par aborder un sujet particulier suite à leur dernière expédition. Les souvenirs de ses lèvres sur les siennes et de toutes les délicieuses sensations qui s’y apparentaient et qui avaient transcendé le corps de la jeune femme, hantaient encore son esprit. Elle y avait repensé encore et encore, tentant de clarifier la situation. Avait-t-elle juste agi sous l’impulsion ? Ca aurait été au fond plus facile mais elle se devait d’être honnête, au moins envers elle-même. A chaque fois que son regard rencontrait le sien, elle perdait pied. C’était presque prévisible à y repenser, que cette situation se soit produite. Seulement, ce qui était étonnant pour elle, fut qu’Andrew fasse le premier pas. Un jour elle aurait craqué, et l’aurait embrassé mais à sa grande surprise, le jeune homme l’avait devancée et complètement désarçonnée pour le coup. Elle ignorait totalement pourquoi il avait agit ainsi et surtout quels étaient ses sentiments à son égard.

Une mèche rebelle s’échappa du chignon désorganisé qui retenait ses longs cheveux châtains pour venir caresser dans un souffle la joue de la jeune femme. Elle la repoussa en arrière négligemment, s’obstinant à ne pas détourner la tête vers le jeune homme dont elle sentait le regard posé sur elle. Il voulait aborder le sujet, comme la jeune femme l’avait pressenti. Soit. Ils s’étaient assez évités. Entrouvrant les lèvres, elle finit par lui poser une question qui trottait dans sa tête depuis cet instant là. « Pourquoi tu as fait ça ? » Sa voix n’était que murmure alors que ses prunelles ambrées vinrent chercher les siennes. Eux deux, c’était une mauvaise chose et ce pour des raisons évidentes. Il n’était pas seul, il y avait Gabrielle et elle était son épouse. Celle à qui il avait juré fidélité et à qu’il avait promis de la chérir jusqu’à ce que la mort les sépare. Azylis n’aimait pas les triangles, c’était trop complexe. Elle ne voulait pas s’immiscer entre le couple, ni même jouer le rôle d’amante.

Au fond peu importait la réponse à sa question, la décision de la jeune femme était prise. Entendre ce qu’Andrew avait à dire, ne ferrait peut-être que de complexifier la situation. A cet instant, elle était très claire. Peu importait ses propres sentiments, eux deux c’était impossible. Cette situation ne se représenterait plus. Elle ne devait plus se reproduire. « En fait, laisses tomber. Je ne veux pas savoir pourquoi. Il est même inutile d’aborder davantage le sujet. » Elle détourna le regard. L’histoire devait s’arrêter là. Dans leur propre intérêt à tous les trois. Elle préférait occulter tous ses ressentis, les laisser enfouis au fond d’elle-même. Mieux valait mettre fin à ce qui n’avait pas encore débuté plutôt que de laisser les choses devenir complexes. Il y aurait forcément des personnes blessées dans l’histoire. Inutile qu’elle s’attache davantage à lui. Elle l’appréciait, ils avaient une belle amitié, pourquoi tout gâcher ? « Je n’aurais pas du te répondre ce soir là, c’était impulsif et stupide…» Elle émit un soupire avant de se relever, passant sa main sur son jean pour en faire tomber les grains de sable. La fuite. C’était une parfaite technique de défense. Ce n’était pas son genre du tout, elle était plus à affronter la situation. Mais pas cette fois. A cet instant, si elle avait écouté son corps et son esprit, elle ne se serait certainement pas éloignée. Mais elle était raisonnable.IL fallait qu'elle le soit, elle prenait la bonne décision. « Je rentre. A plus tard Andrew. » Elle s’éloigna.

❝ Your face won't leave my head…❞
Feat Andrew Connors and Azylis Caldway

Dos à lui, elle clôt ses yeux, un doux et agréable frisson sillonnant chaque centimètre carré de son épiderme, à son contact. Ce simple geste provoquait chez elle des réactions totalement incontrôlables et pourtant si plaisantes. Voilà pourquoi la fuite s’était imposée comme étant la solution la plus appropriée. Elle savait qu’entre désir et raison, l’un aurait vite fait de remporter le combat et le vainqueur était évident. Près de lui, elle avait tendance à ne plus vraiment raisonner correctement et à laisser ses envies prendre le dessus. Elle avait prit une décision pour eux, celle qu’elle pensait être la plus raisonnable. Pourtant, Andrew semblait en avoir décidé autrement. Oh, elle aurait pu se défaire de sa prise simplement et continuait sa route. Elle était bien entrainée pour ce genre de situation mais encore aurait-t-il fallu qu’elle en ait envie.

Avait-t-il conscience qu’elle aurait préférer rester auprès de lui ? Si la situation était simple, s’il n’y avait que lui et elle, elle n’aurait pas réfléchit, elle n’aurait pas été partagé dans ses choix. Elle l’aurait attirée près d’elle, se serait blottie dans ses bras et l’aurait embrassé. Elle se mordit la lèvre inférieure à cette idée. ‘Un homme marié sérieusement Azylis !’ Elle ordonna à sa petite voix intérieure de la fermer. Elle le savait que trop bien mais peut-t-on réellement contrôler ces choses là ? Non. Elle avait toujours su tout contrôler mais pas sur ce coup là. « Je ne fuis pas, je… » La jeune femme s’interrompit en sentant la pression des doigts du jeune homme sur son poignet se renforcer. Elle n’opposa aucune résistance, se retournant face à lui, comme son geste semblait lui demander de faire. Elle ne parviendrait pas à lui mentir, surtout pas face à face. Dès lors qu’elle releva la tête et qu’elles se rencontrèrent, ses prunelles se perdirent au sein des siennes.

Il venait de l’évoquer à voix haute, c’était une erreur, tous deux en avaient conscience mais ne pouvaient s’empêcher d’être attirés l’un vers l’autre, comme deux aimants. A peine avait-t-elle perdu son contact qu’elle désirait venir le chercher à nouveau. Bien ou pas, c’était son souhait, ce dont elle avait envie immédiatement. Fronçant les sourcils sous la énième bourrasque de vent, elle aurait dû profiter de cet instant pour partir. Entre ce qu’elle devait et ce qu’elle faisait, il y avait néanmoins une différence. Elle amoindrit la distance les séparant, son corps venant se lotir tout contre lui. « Tu ne me perdras pas, quoi qu’il se passe… » Ils étaient amis, et elle veillerait toujours sur son derrière lors des expéditions. Tout comme il veillait sur les siennes. Elle continuerait à lui lancer des vannes pourries et à le taquiner.

A la recherche de son regard, ses mains se joignirent aux siennes, ses doigts venant épouser les siens. L’ombre d’un sourire apparut chez la jeune femme, qui savourait cet instant près de lui. Leur nez s’effleurèrent un court instant, avant qu’elle ne vienne embrasser sagement sa joue. Elle regrettait déjà ce qu’elle allait dire mais c’était nécessaire. « Mais si on va plus loin, votre couple souffrira, tu pourrais la perdre et tu en souffriras. C’est la dernière chose que je souhaite… »