Cher Journal. Bon le psy m'a demandé de tenir ce stupide cahier donc je vais le faire. De toute façon ma mère ne me lâchera pas tant que ça ne serait pas fait, terminé, plié, rendu et compagnie alors autant m'y mettre le plus vite possible. Je vais commencer par me présenter rapidement même si c'est parfaintement inutile, que personne d'autre que le psy ne verra ces phrases. Je m'appelle Carter Samuel Oz Milan Callan Delacroix. Je crois que mes parents avaient énormément d'idées de prénoms et, n'ayant eu qu'un seul garçon, ils lui ont tous foutu – soit à moi. Mais mon paternel m'a toujours surnommé Gulliver, sans doute l'un des rares prénoms s'apparessant pas sur les papiers officiels. M'enfin bon, j'ai arrêté d'essayer de comprendre y a un p'tit bout de temps. Je suis né un 31 Août de l'année 1989 à San Sebastiàn. Oui, voilà, en Espagne. Mon père étant français j'ai hérité de la double nationalité franco-espagnole et j'ai toujours su parler les deux langues. Mon enfance s'est passée comment celles de tous les enfants naissant dans une famille assez aisée – ou du moins sans problèmes d'argent réellement importants. Je suis allé à l'école, j'ai toujours dit mes notes à mes parents excepté lorsque je risquais d'être privé d'entraînement de danse et... Voilà. Élève plutôt moyen j'ai loin d'être dernier de la classe mais je n'étais pas prêt d'être premier. Ca donne l'avantage de passer inaperçu, de n'être regardé de travers par personne et d'obtenir une paix certaine, loin de tous conflits. Enfin... Presque. Premièrement parce que je faisais de la danse et que ça passait plutôt mal auprès de certains garçons, notamment en primaire et au collège, et ensuite parce que je trouvais toujours le moyen de me lier d'amitié avec un populaire. Mais si ! Vous savez, ceux que tous le monde regarde, ceux avec qui on souhaite tous un jour de traîner ? Bon, bah voilà. J'avais le chic pour devenir pote avec un seul d'entre eux et d'être quasi-rejeté par les autres. Enfin je m'en suis toujours bien sorti.

Mais ça c'était la période primaire-collège. Autant dire qu'à mon entrée au lycée j'ai bien changé, devenant plus mature – logique – mais aussi beaucoup moins sociable. J'avais un ou deux potes avec qui je traînais, point barre, et les autres... Ne m'intéressaient pas plus que ça en fait. Quand aux filles je ne passais pas non plus ma vie à leur tourner autour. Je suis sorti avec quelques unes mais uniquement parce que bon, elles étaient jolies, sympas et voilà. Pas d'amour réel. Pourtant je savais que j'étai loin d'être repoussant, hyper méchant et tout mais bon. Et puis les filles ne venaient pas forcément me voir vu que j'étais le solitaire étrange qui fuyait les populaires et leur bande. Je me souviens juste de Léa, Juliette et... C'est tout. Ensuite j'ai fait ma terminale à l'étranger, à New-York plus exactement, afin d'apprendre l'anglais. Et une fille m'avait bien regardé de travers en cours de physique, une dénommée Alice, mais c'est peut-être parce que j'avais une blouse tachée. Ou que je parlais mal anglais, au choix. Bon, je ne sais pas trop quoi dire de plus... J'ai un chien, appelé Thompson, surnommé Thom, un vrai boulet tout chou qui ne ressemble vraiment à rien. Voilà, terminé. Demain il paraît que je dois rédiger ma journée. Je vais mourir. Quoi dire dans ce foutu calepin ?



La fin du monde. D'une certaine façon. Je ne pensais pas que cela pourrait survenir, que ça serait seulement possible et pourtant ? Enfin, ne l'avais-je pas répété ? Certes, personne ne m'avait cru, le psy y compris mais j'avais raison ! J'avais arrêté d'y croire et c'est enfin arrivé ! J'étais sur que les extra-terrestres existaient, quelque part dans l'espace. J'ignorais quelle tête ils pouvaient bien avoir, s'ils étaient verts, rose, bleus ou jaunes ou même vivant dans le sens où nous l'entendons mais... Alléluia ! Ah, faudrait peut-être que j'explique. Le calepin du psy, je l'ai gardé. J'ai rempli des kilomètres de pages pour lui, racontant mes journées, mes rêves, mes nuits, mais sorties, mes amis et tout ce qui était possible d'être consigné dans un cahier. Il est plein depuis belle lurette mais ilest chez moi, dans mon sac de secours. Aujourd'hui j'en ai déniché un second. Comprenez bien : je me cache. Je me fonds dans la masse des extra-terrestres. J'ai appris leurs expressions un peu bizarres, j'ai étudié leur histoire et compagnie jusqu'à passer inaperçu. Je rentre tôt le soir, de manière à ne rencontrer aucune lampe qui ne se reflèterait pas dans mes yeux. C'est difficile mais Jackson, mon colocataire, et moi-même nous débrouillons plutôt bien. Je suis actuellement dans une banlieu new-yorkaise, là où les maisons sont grandes. Je connais mes voisins Âmes, j'ai même de bonnes relations avec eux mais... En serait-il de même s'ils savaient que nous faisons partie de ces humains rebelles, ceux qui refusent de donner leur corps ? Bon, sinon j'ai toujours mon chien avec moi, c'est la super galère et... J'aime ça. Je vais laisser ce petit carnet bien planqué – ce serait bête qu'on se fasse prendre pour trois mots sur une feuille – et aller chercher de quoi manger pour le mois.