Barbecue, Souvenir de Physique et Drôles de choses.

Rose – enfin la nouvelle Alice - avait toujours eu envie de tester ça. Un barbecue. C’était une chose qu’elle n’avait pas pu tester avec son ancien hôte – car ce dernier n’avait rien chez lui et elle ne savait pas acheter ce type de matériel – il parait que, d’après les êtres humains, le barbecue est une chose sympa à faire l’été alors pourquoi pas ? Son hôte avait tout le matériel chez elle. Lorsque la nouvelle Alice avait décidé de déménager, elle avait amené tout le matos de son hôte dans sa nouvelle maison, sur Howard Street. Cela faisait partit de son contrat. Faire vivre une belle vie à l’ancienne Alice Doomsday. Et quoi de mieux que de vivre dans une grande et jolie maison ? Et un changement de style vestimentaire aussi. Et de coupe de cheveux… Elle s’installa donc dans son jardin, tout excité à l’idée de tester une nouvelle chose, d’expérimenter encore et encore. Elle sortit son briquet et fit une première tentative. Loupé. Mmh, comment pouvait bien fonctionner cette engin… Elle recommença une dizaine de fois jusqu'à péter un câble toute seule dans sa tête. C’était super dur ! Comme quoi les humains se compliquaient vraiment la tâche ! Elle regarda autour d’elle. Elle avait des voisins ! Et plus d’une fois, grâce à son ancien hôte, elle avait apprit que les êtres humains avaient besoin d’interaction entre eux. Demander de l’aide n’était pas trop sont truc mais aujourd’hui, l’âme Rose était dans ses bons jours et voulait bien faire un effort.

Toute fière de sa nouvelle déduction, elle sortit de chez elle et alla devant la maison de gauche. Elle sonna plusieurs fois mais la première personne qui vint lui ouvrir était une âme - du joli nom de Plume-De-Phoenix. L’âme, qui était actuellement dans le corps d’une femme qui devait avoir la cinquantaine fut tout simplement incapable de l’aider. Alice la remercia et se dirigea vers son autre voisin. Lui, ou elle, elle ne l’avait jamais vu. Elle sonna et attendit patiemment que l’âme qui habitait là vienne lui ouvrir. La porte s’ouvrit quelques instants plus tard et un homme d’une vingtaine d’année apparu sur le seuil.

Bonjour, je voulais savoir si vous vouliez bien m’aider à faire démarrer mon barbecue… Technologie nouvelle pour moi….

D’abord, Alice, enfin Rose, ne fit pas le rapprochement. Puis, son visage lui rappela un des très nombreux souvenirs d’Alice au lycée… Bater… Granger … Carter ! Le fameux Carter. Le fameux Carter qui attendait qu’elle se présente ou ouvre la bouche. Il était là, devant elle, comme si de rien n’était. La vie était tellement fascinante, rempli de hasards ! Tant pis pour le barbecue ! Elle avait fait une promesse à Alice et comptait bien la tenir. Elle se demanda si l’âme qui se trouvait dans son corps avait vu les mêmes souvenirs qu’elle. Peut être voudrait-elle faire plus ample connaissance ?

Vous … Carter Delacroix ? Oh ! Enchanté ! Je m’appelle Alice Doomsday ! Je crois savoir que mon hôte connaissait le votre !

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Les Âmes. Elles avaient envahi le monde, elles étaient partout, vivant la vie de leur hôte comme si de rien n'était. Des milliards d'humains étaient morts - ou du moins avaient disparu, leur esprit simplement effacé par les extra-terrestres - mais cela ne dérangeait pas le moins du monde les envahisseurs. Et pourtant l'esprit de Carter était concentré sur le journal qu'il lisait. Si les créatures avaient envahi la Terre, les éléments du passé comme les journaux, le travail et compagnie étaient toujours là. Et il en profitait, lisant chaque jours les nouvelles. Parfois ils évoquaient la présence d'humains dits « rebelles » - donc simplement dotés d'un instinct de survie - vivant en groupe non loin des villes, à l'abri de... Bah ils ne savaient quoi justement. C'était le principe d'une cachette : on ignorait où elle se trouvait. Ainsi Carter n'avait aucune possibilité de rejoindre ces gens qui se planquaient et il était condamné à rester dans cette maison, se faisant passer pour Lueur-du-Soir, l'âme qu'il n'était pas qu'il ne serait, il l'espérait, jamais. Au fil du temps il s'était construit une identité afin de répondre aux question sans éveiller de soupçons. Lueur-du-Soir était une jeune âme qui n'avait jamais connu les autres planètes. Elle n'avait eu que deux hôtes, toutes sur Terre. La première était devenue trop vieille et elle l'avait abandonné pour celle-ci, celle d'un certain Carter Delacroix. Et bien entendu elle avait conservé son nom d'âme, celui de Carter ne servant que pour identifier l'hôte ou parler de sa vie libre, celle d'avant.

Et bien sur, tout cela n'était qu'un tissu de mensonges car aucune âme se résidait dans le corps de Carter. Enfin quand on vivait en ville, qu'on était humain et qu'on devait se faire tout petit minuscule, mentir avait intérêt à être une seconde nature. Le jeune leva les yeux de son journal lorsqu'une seconde personne entra dans la pièce. Son colocataire, tout aussi humain que lui, vivait plutôt mal l'invasion. Rester cloîtrer et ne sortir que pour aller chercher de quoi manger n'était visiblement pas dans ses habitudes. Ils échangèrent un regard entendu : bientôt, il faudrait quitter l'appartement pour changer d'endroit. Rester trop longtemps dans la même rue risquait d'attirer des soupçons. Sur quoi ? Leur discrétion. La sonnette retentit et les deux humains sursautèrent de concert.

« J'y vais. »

Carter abandonna le vieux canapé pour longer le petit couloir jusqu'à la porte d'entrée. Il hésita un bref instant avant de déverrouiller la porte et de l'entrouvrir. La fille commença un minuscule discours à propos d'un barbecue et... Alice. C'était Alice Doomsday, la fille qui le regardait bizarrement en cours de physique. Il s'en souvenait parfaitement, même si elle n'avait jamais vraiment attiré son attention. Enfin de toute façon la vraie Alice était morte, remplacée par...

« Ah, bonjour. » Visiblement l'âme avait hérité des souvenirs d'Alice puisqu'elle le reconnut. Jouer le jeu serait de mise. « Lueur du Soir. Mon hôte m'a laissé des souvenirs du vôtre. Allons voir ce barbecue, n'est-ce pas ? »

Histoire de faire plus ample connaissance peut-être. Carter referma soigneusement la porte derrière lui et adressa un grand sourire à l'adresse de l'âme. Si elle avait su à quel point il les détestait toutes...

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Des souvenirs ? Chouette, faire connaissance serait plus simple. D’un certans point de vu, c’était just fantastique de le retrouver, mais d’un autre… C’était un peu tordu. Cette homme – enfin lycéen à l’époque – avait traumatisé la pauvre Alice. Bon, quand même pas. Mais Rose avait jugé que, sur le coup, ce type était un bon à rien et qu’il avait traité son hôte comme une vulgaire fille débile, se servant d’elle pour s’amuser pour pour… Se moquer d’elle ? C’était le juste mot. Mais bon, un jour, elle ne savait plus trop quand, elle s’était promis de faire impasse sur cette période là.

Alice le conduisit dans son jardin qui se trouvait à l’arrière de sa maison. Enfin pas exactement. Disons que son jardin faisait un croissant autour de sa maison et qu’Alice trouvait ça chouette. Enfin bref, ce n’était pas le souci à l’heure d’aujourd’hui. Elle arriva devant l’engin, qui continuais à ne pas vouloir fonctionner et l’âme Rose avait une subite envie de lui donner un violent coup de pied mais elle se dit qu’Alice, son hôte, n’aimera pas voir son barbecue réduit en miette. Elle se dégagea de devant l’appareil et se retourna vers le charmant Carter –parce que oui, elle devait bien reconnaitre que son hôte avait de bon goût – et lui laissa la place.

Voilà, à vous de jouer cher Lueur du Soir. Moi c’est Rose. Juste Rose.

Elle lui sourit. Bon, à la base, ce ce n’était pas vraiment juste Rose, mais son vrai nom était
trop long et elle ne l’aimait pas de toute façon. Contrairement à beaucoup qui avait un nom stylé, le sien était – à son goût – tout pourri.

Vous êtes sur terre depuis combien de temps ? C’est votre premier hôte ?

Beaucoup de question en très peu de temps, cela ne correspondait en rien à Rose. Cela correspondait jute à Alice. Et puisqu’elle c’était juré de faire un effort, au moins pour se rapprocher en bien de ce Monsieur Delacroix… Mais mon dieu que cela était difficile. Garder sans arrêt le sourire, être pli, paraitre aimable, engager la conversation. C’était dur. L’âme n’était pas vraiment sociable, de nature plutôt froide. Mais l’ancienne Alice était joyeuse, pleine de vie, et très, très sociable. Combiner les deux caractères – très opposé sur certains points- était loin d’être une tâche aisée. C’était surement une des choses les plus difficiles pour une âme. Me caractère d’un être humain était tellement, complexe. Il avait tous une personnalité tellement différente, tellement d’émotion – dont certaine n’avait pas franchement d’utilité aux eux de Rose. Pourtant, elle avait apprit, elle s’était adapté à Alice, son caractère avait même bien fusionné avec le sien. Contrairement à d’autre spécimen de son espèce, Rose l’avait dompté facilement, et Alice n’avait rien fait pour l’en empêcher.

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A la réflexion Carter aurait éventuellement dû se montrer plus curieux face au corps de celle qui, un jour, l'avait observé bizarrement en cours. A cette époque ils étaient encore eux-mêmes, ils pouvaient penser et agir en tant qu'humains, réagir avec violence si besoin. Puis les Âmes avaient réellement pris le contrôle de la population et la vie s'était transformé en jeu de trappe-trappe géant. Le but était de se fondre dans la masse, de devenir aussi doux et inoffensif - hum hum - qu'un extra-terrestre. Chose difficile lorsqu'on était habitué à mal parler et tout ça.
Carter suivit l'âme dans la maison d'à-côté, notant au passage qu'il s'agissait donc de sa voisine, et détailla les lieux avec curiosité. Tout rappelait l'habitation d'un humain normal, c'était légèrement troublant. Il s'approcha du barbecue - qui était à l'origine de la rencontre, hein ? - et étudia l'appareil. A vrai dire il n'avait pas souvent eu l'occasion d'allumer ces machins. Son père le faisait toujours quand il était gosse, quand il faisait ses études il n'avait pas le temps et aujourd'hui... Il évitait de passer trop de temps dans le minuscule jardin qui entourait la maison de son coloc' et lui. Si quelqu'un était venu se plaindre et avait tout vu...

« Eh bien Rose, je vais voir ce que je peux faire pour vous. »

Carter attrapa une petite boîte d'allumettes qui traînait et s'empressa de disposer le charbon et compagnie bien comme il fallait pour que le feu prenne. Puis il alluma l'un des bâtonnets et approcha la flamme du tas. Après deux ou trois allumettes le tout prit et le jeune homme se recula avec un grand sourire.

« Voilà, mission barbecue réussie ! »

Il se frotta les mains, les débarrassant de la poussière noire de charbon et l'âme en profita pour lui poser des questions. Des questions qu'il attendait.

« Oh, j'ai déjà eu un hôte avant celui-ci, un autre homme. Mais il était devenu trop âgé alors j'ai changé pour Carter Delacroix, un humain résistant difficile à attraper. J'ai eu un peu de mal au début mais maintenant c'est bon. Il n'y a que quand j'essaie de mettre un pull que je sens son ancienne conscience bouger. Sinon je n'ai pas connu d'autres planètes. Et vous ? »

Ce bobard il l'avait tellement sorti qu'aujourd'hui il ne lui posait plus aucun problème.

« Sinon, vous comptiez manger quoi avec ce barbecue ? Vous allez inviter des amis ? »

Auquel cas il courrait aux abris. Une âme ça allait encore : si elle soupçonnait quoi que ce soit il pourrait s'arranger. Plus de deux ça serait plus problématique.

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Alice l’écouta en silence, se contentant d’hocher de la tête de temps à autre. Pas d’autre planète ? Elle devait être jeune ou alors, elle se plaisait tellement sur terre qu’elle n’avait plus envie d’en partir.

Alice est mon deuxième hôte humain. Le premier était fort désagréable et heureusement pour lui comme pour moi, ça n’a pas duré. Alice est beaucoup plus… gentille et elle a était facile à maitriser. Je ne suis pas allée sur énormément de planètes, juste une ou deux. Mais c’est la première fois que je possède un être aussi intéressant. Et, vous pouvez rester manger, je n’attends personne d’autres. Pour le moment, je n’ai pas vraiment sympathisé avec le voisinage…

« Enfin surtout je n’ai pas cherché, je n’aime pas les gens » Mais cette phrase ne sortit jamais de sa bouche. Elle alla faire un aller retour express dans sa petite cuisine pour aller chercher ses saucisses. Chouette chouette, un invité. Et pas n’importe lequel ! Le Carter ! Elle mit un couvert à vitesse grand V dans le jardin et se mit à table en face de son invité, du seul voisin qu’elle avait osé inviter chez elle. Elle lui demanda ensuite de parler de lui. En désigna sa tête – un geste qui voulait dire qu’elle parlait de l’ancienne Alice – elle lui demanda si les souvenir de son hôte à propos du siens était nombreux ou pas et si oui, lequel ?

Dans sa chambre, elle avait un tas – et quand Alice disait un tas, c’était un GROS tas – de photo de Carter. L’ancienne Alice était un vrai fan, ou une psychopathe, à vous de voir. Et Rose n’avait pas voulu s’en séparer. Cela faisait partit de son histoire en quelque sorte. Il y avait des photo de lui à la cafétéria du lycée, prise visiblement derrière une table de bar, une autre où il était seul, il attendait un bus ou une voiture, et celle-ci avait était prise de derrière un buisson. Mais les photos n’était pas vierge, non, elles étaient toute annotés et c’était sans doute cela le plus effrayant. Les photos ou le pauvre – car oui, pour le coup Rose voulait bien le plaindre – Carter était seul, il y avait généralement des commentaires comme « Je voudrais être avec toi » ou « Je donnerais tout pour t’inviter un jour, mais tu voudrai pas » ou encore « peu importe ce que tu m’as fais, je t’aime quand même ». Flippant. Très flippant. Et puis il y avait cette photo, celle ou le garçon de ses rêves était accompagné d’un pouf, enfin d’une fille, blonde, avec de grand yeux bleus. D’accord, elle était plutôt jolie. Là, Alice avait écrit au marqueur rouge « Les pouf superficielle ne devrait pas exister ». Rose les avait mise dans une boîte et ne les avait plus jamais regardés. En même temps, elle donnaient toute un peu la chaire de poule. Comment Alice avait-elle fait pour photographier Carter tant d’année sans même qu’il ne s’en rende compte ?

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Carter se foutait toujours dans des situations hallucinantes mais celle-ci était - et de loin - la plus bizarre qu'il ait vécu. La fille, ou plutôt la chose, les extra-terrestres n'étaient pas des filles ou des garçons, juste des choses, ne savait pas allumer son barbecue et il avait fallu qu'elle vienne lui demander son aide, lui, petit voisin parfaitement humain se fondant dans la masse. La réponse de l'âme le surprit : elle n'avait pas sympathisé avec le voisinage ? Pourtant les choses étaient assez sociables d'après ce qu'il avait pu voir et elles refusaient rarement la compagnie de l'une d'entre elles. Et leur gentillesse à toute épreuve, parfois un peu lourde ? Non, vraiment, Carter ne les comprendrait jamais.

« Le voisinage est très gentil, je vous assure. Mais c'est fou que nos hôtes se soient connus autrefois et qu'on se rencontre aujourd'hui. Ça doit être... Le hasard. »

Ouais, carrément. Même si Carter ne croyait pas au hasard ni même aux choses aussi stupides que le destin. En quoi croyait-il ? Plus en grand chose hélas. Il ne se posait plus ce genre de questions depuis le début de l'invasion. Les questions qu'il se posait désormais c'était : comment survivre ? échapper à ces stupides âmes ? ne pas se faire prendre ? manger ce soir avec Lucas ? rester ici ? rester soi-même ? ne pas mourir ? Oui, des questions très gaies quand on y pense mais Carter n'avait plus vraiment le choix.

« Dites-moi Rose, que pensez-vous des humains résistants ? »

Oui, là il jouait avec le feu. Mais il était curieux de savoir ce qu'une âme pensait de ces pauvres résistants qui luttaient chaque jour pour leur vie, pour leur âme. Carter avait voyagé longtemps avant d'oser d'incruster parmi les extra-terrestres comme s'il était l'un d'eux et il avait peu à peu perdu l'habitude d'avoir une conversation normale. Et Lucas ne l'aidait pas vraiment, lui aussi quasi-silencieux. Ils communiquaient davantage par échanges de regards et accords tacites, point barre. Les conversations au coin du feu n'existaient pas. De toute façon... Il n'y avait rien à dire, rien à débattre. Ils étaient foutus, ce n'était qu'une question de temps.

« Cela dit, j'accepte votre invitation avec grand plaisir, je ne suis pas encore très lié avec le voisinage non plus. »

Que de paroles inutiles pour paraître « normal », la normalité étant devenue une chose bien relative dans ce monde de dingue.

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Le hasard ? Oh oui ! Et elle y croyait au hasard l’Alice… C’était une si jolie chose ! Il lui demanda ensuite ce qu’elle pensait des humains résistants. D’abord, elle n’osa pas répondre, de peur de mettre en colère ou de vexer son invité. Après tout, beaucoup d’âmes considéré ces humains comme perdu, stupide. Stupide pourquoi ? Car ils fuyaient, mais ils ne pourraient pas vivre bien longtemps ainsi, coupés du reste du monde. Alice, elle, n’avait jamais vraiment était dérangé par ces restants. Pour elle, c’était des humains perdu, effrayait par ce qui venait de leur arriver. Il ne voyait pas le bien qu’elle et ses semblables venait d’apporter à leur pauvre planète qui avait tant souffert.

Bah, moi je n’ai pas vraiment d’avis là-dessus. Je trouve juste dommage qu’ils ne souhaitent pas se joindre à nous, après tout, ils vivraient tellement mieux ! Leur vie doit être horrible ainsi et, vous le voyez bien, la notre est parfaite au sens propre du terme.

Elle lui sourit et ils commencèrent à manger en silence. Alice n’avait jamais eu la chance d’en croiser, donc pas de discuter avec eux non plus. On lui avait proposé de rejoindre les traqueurs, mais elle avait poliment refusé. Courir partout pour attraper des humains en fuite qualifié de dangereux, merci bien, elle était à l’aise chez elle, dans son salon et comptait y rester.

Au fait, appelez-moi Alice ! Je préfère le nom de mon hôte voyez vous et puis, comme ça, je me sens plus … - elle montra son corps de haut en bas - vous voyez ?

« Dans ma nouvelle peau… » En gros c’était l’idée. Certaines âmes voulaient que l’on continue à les appeler avec leur nom d’âme mais Alice, par respect pour son ancien corps, refusait tout simplement cette règle. En plus de ça, elle jugeait le prénom d’Alice très mignon contrairement au sien qui, à côté, faisait un peu vieillot. Elle ne savait pas si Carter, enfin Lueur du Soir ressentait la même chose mais bon, au pire Alice se dit qu’elle passerait une fois de lus pour une âme originale… Elle se rappelait encore du jour où elle était arrivée sur terre, quand on lui avait demandé son nom d’âme. Rose avait-elle dit. Juste Rose. De toute façon, son nom en entier était bien trop long, et Alice ne l’aimait pas.

Ah et, heu et vous, vous pensez quoi de ces humains résistants ?

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Ce qui était amusant avec les extra-terrestres - ou les âmes comme ils se plaisaient à s'appeler, terme plein d'ironie selon Carter - c'était leur naïveté. Jamais la créature qui avait volé la corps d'Alice n'aurait songé un instant que le jeune homme soit encore humain, non. Après tout, le monde était beau, le monde était parfait, plein de bisous, d'amour et de câlins chez les envahisseurs. Des humains restants ? Quelle idée ! De toute façon, s'il en restait, ceux-ci devaient se cacher loin des villes, dans des endroits sordides, à crever la dalle en attendant d'être capturé puis effacés. Ainsi Carter se sentait mal à l'aise dans la petite maison de sa nouvelle voisine. S'il n'avait jamais vraiment fait attention à Alice, l'humaine de base, il n'aurait souhaité pour rien au monde qu'elle disparaisse, supprimée de façon irréversible par une chose lointaine. En fait il n'aurait souhaité cela à personne.

« Oui, c'est vrai que notre vie est parfaite. Les humains devraient se rendre compte que c'est dans leur intérêt de se laisser faire. »

Une phrase non pas dénuée d'ironie puisque sortie par l'un de ces fameux humains. Carter était loin d'être d'accord avec l'âme : après tout, il trouvait la vie extra-terrestre bien ennuyeuse et monotone. Le monde semblait identique à l'ancien mais il n'y avait plus cette possibilité de croiser l'improbable. Tout était semblable. Les gens - ou plutôt les envahisseurs - étaient tous identiques, tous parfaits, gentils, altruistes et tout ce qui va avec. Cependant le jeune humain qu'il était savait encore apprécier de bonnes saucisses à la cuisson idéale. Il prit le temps de savourer chacune de ses bouchées, épiant discrètement sa compagne. La situation était réellement comique même s'il ne pouvait guère la faire partager. Elle reprit la parole, le faisant sursauter (malgré l'absence de tension, il restait nerveux).

« Ah oui, plus unie avec votre hôte ? Je crois comprendre. Personnellement je préfère me dissocier du mien, simplement l'utiliser. Après tout, sa vie n'est pas la mienne et je ne tiens pas à ce qu'n nous confonde tous les deux. »

Carter priait pour que, s'il venait à se faire attraper, la créature qui serait insérée dans son corps n'utilise pas son identité. Il n'avait rien à voir avec ces sales parasites. Alice poursuivit et le jeune homme manqua d'avaler de travers.

« Euh... Comme on le disait tout à l'heure, leur vie serait bien plus douce s'ils se laissaient attraper. Plus de maladies, ils ne connaîtraient plus le froid, la peur, l'angoisse, la tristesse... »

Le jeune homme se rendit compte qu'il parlait trop, donnait trop de détails sur un monde qu'il n'était pas sensé connaître. Se passant une main dans les cheveux avec gène, il poursuivit.

« Mais d'un autre côté, si des créatures avaient envahi Origine, je suppose que nous aurions agit à l'identique, pour préserver notre espèce, protéger nos bébés... »

Carter n'avait que très vaguement entendu parler de la planète natale des âmes. Cependant il pensait pouvoir utiliser cet argument sans se faire avoir. Il termina son assiette, partagé entre la satisfaction d'avoir bien mangé et le dégoût de bouffer la nourriture d'un parasite. Il se laissa aller contre le dossier de sa chaise, étudiant l'âme avec attention. Elle n'était pas vraiment belle. Mignonne, voire jolie, oui, mais pas belle au sens où il l'entendait. Plutôt classique en fait. Mais c'était loin d'être un reproche, les autres femmes l'intimidait. Ok Carter, reprends-toi c'est une saleté de parasite. Il secoua la tête d'un mouvement brusque, clignant des yeux, puis reprit son examen.

Et le pire survint.
Enfin Carter ne voyait pas ce qui pouvait arriver de pire que ce qui se produisit. La sonnette retentit et ils se retint à grand peine de bondir sur ses pieds pour sauter le muret. Il aperçut le visage de son colocataire derrière le portail du jardin.

« Ah c'est... Eux... Mon correspondant. Je reviens, il doit avoir oublié quelque chose quelque part. »

Mais oui, continue comme ça Carter, tu bats des records. Il se leva précipitamment, gagnant le muret en courant presque.

« Mais qu'est-ce que tu fous !
▬ Je pourrais te poser la même question, c'est un sale parasite, bon sang ! Carter, réveille-toi ! »

Incapable de répondre le jeune homme lança un regard inquiet à sa compagne de table qui ne tarderait sans doute pas à les rejoindre.

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Alice l’écouta en silence, hochant la tête de temps à autre. Ce Carter était décidément un garçon très étrange. Mais bon, elle tu et continua de sourire comme elle savait si bien le faire. Il fallait qu’elle joue le jeu de la gentille petite âme pure, toute mignonne toute gentille. Elle n’aimait pas que ses frères et sœurs les âmes sachent qu’elle était en réalité une âme insupportable, froide, parfois égoïste, menteuse… Bref, loin d’être un enfant de cœur. Carter se leva soudain de table. Son correspondant ? Il ne vivait donc pas seul. Alice eu beau fouiller dans la mémoire de son ôte, elle ne trouva rien qui puisse relier Carter à une autre personne vivant chez lui. Elle resta assise quelques instants avant de finalement se lever. Elle était curieuse après tout, de voir qui, oui qui, vivait avec ce cher Carter.

Un autre type. Un autre type qui avait l’air assez… agacé. Par quoi ? Elle n’osa pas franchement demander et le salua en silence, d’un signe de tête, pas franchement comme l’aurait fait une âme en temps normal. Bah, elle ne pouvait pas se forcer partout quand même. Pour Rose ou Alice à présent, se présenter et dire bonjour était une chose agaçante. Cependant, elle était quand même censée être une âme et une âme, c’était un minimum sympathique. Pour ne pas passer pour la grosse ermite du coin, elle décrocha quand même un sourire – beaucoup moins franc que ceux qu’elle avait fait à Carter – et prit la parole, d’une voix plus ou moins enjoué.

Ton amis souhaite se joindre à nous ? Il y a de la place pour tout le monde et il reste deux trois trucs.

« Oui, venaient tous à ma table, je suis votre amie voyons ! Je vous aime tous bande de débile ! Aller, venez ! » Nan sans blague, parfois, elle avait envie de leur balancer ça, aux autres. « Calme toi Rose… » Son regard passa en revue l’individu. C’était étrange mais… Il n’avait pas l’air d’une âme. Enfin, il n’avait pas l’air habité. Alice se retint de faire une remarque concernant ce qu’elle ressentait et plongea son regard dans celui de Carter. Alors, qui allait répliquer en premier ? Elle n’avait absolument pas confiance en l’autre, il avait tout l’air d’un… humain normal. Banal. Un survivant ? Non non, Alice se faisait des films une fois de plus.

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Ah ! Juste les clefs de la remise… Alice sentait bien que Carter était gêné, mais de quoi, alors ça… Elle s’apprêta à en rajouter une couche quand l’autre intrus commença à baratiner quelque chose de pas très logique. Faire semblant ? Etaient-ils eux aussi des âmes pas très sympa avec les autres ou… « Débiles de Créatures ». Non, ça, c’était le terme qu’utiliser les humains pour parler d’eux. Ce mec était un… Et donc Carter… Alice ouvrit de grands yeux mais avant qu’elle ai pu dire quoi que se soit, Carter fut plus rapide qu’elle et l’attrapa brusquement avant de l’emmener à l’intérieur de sa propre maison. Punaise ! Elle n’avait rien vu venir et ne s’était même pas débattu, comme quoi ses anciens reflexes… Elle se retourna vers lui et lui jeta le regard le plus noir qu’elle avait en stock. Comment… Comment ?! Il était humain ?! Non mais c’était quoi ce bordel ! Elle regarda autour d’elle et la seule chose qu’elle en en premier fut un parapluie à canne. Elle le saisit, et, poussant un drôle de cris de guerre, elle se jeta sur Carter du mieux qu’elle pu. Elle rata son objectif qu’était la tête de son cher invité, mais son bras ne fut pas épargner. Bon, il n’y avait pas vraiment de quoi s’affoler, elle s’était complètement ratée et le coup n’était vraiment… pas fort. A vrai dire, Alice c’était battu tellement rarement… Elle tourbillonna sur elle-même et jeta son parapluie en l’air avant d’attraper le col de Carter. Adios ami parapluie.

T’es humain c’est ça ? Et ton pote, c’est juste un gros nase, heu pardon, un énorme boulé qui vous a démasqué ?

« Bonjour, je suis Rose, une âme très aimable. J’aime les gens et encore plus les humains… » Elle état fâché, mais en même temps, tout excitée. C’était la première fois, depuis qu’elle était dans un corps d’humain, qu’elle en approchait un vrai. Ils étaient vraiment… Comme eux. Mais leurs regards avaient l’air plus vivant. Oui, ils avaient quelque chose qui avait disparue chez les âmes comme elle. Elle avait presque envie de faire encore plus ami ami – après tout, il était gentil ce Carter – mais en même temps, il était censé être comme Alice Doomsday. Il n’était plus vraiment censé exister comme ça.

Depuis combien de temps tu mens comme ça ? T’as jamais eu envie de rejoindre les – elle mima des guillemets – résistants ? T’as pas peur de moi ? Comment tu fais pour dormir sur tes deux oreilles sachant que tu es dans un quartier rempli de… parasites comme moi ? Tu as de la famille ? Elle a était prise ? L’autre là, dehors, c’était ton ami ou juste un survivor comme toi ?

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