" Our hosts tried to kill us.
Can we be friends ? "

Micah Koneradt & Mélodie Wheeler

« Je te préviens, toi, tu me tueras jamais. ». Je relève la tête. Comme si Mélodie me faisait face. Mais je ne rencontre que le mur blanc de ma chambre. Elle s’est réveillée il n’y pas si longtemps et j’ai dû mal à m’habituer à sa présence constante dans mon crâne. « Faudra t’y faire. Jusqu’à ce que je trouve un moyen de te détruire. ». Je tremble. Elle me fait peur. Peut-être devrais-je changer d’hôte ? Je secoue la tête à cette idée. Je ne veux pas devenir un pois sauteur. Je vais réussir à la dompter. Pourtant, je n’arrive pas à me résoudre de la tuer. Les humains sont brutaux et barbares. Nous les avons sauvés alors qu’ils se détruisaient eux-mêmes. Eux, n'hésiteraient pas une seule seconde à nous massacrer. Mais je ne suis pas comme ça. « Vous n’êtes pas différents de nous. Vous n’êtes que des insectes qui détruisent la vie d’un être vivant en vous appropriant son corps. Vous aussi, vous êtes barbares. Et de première classe. ». Je me mords la lèvre. Ce n’est pas très gentil de dire ça. Normalement, les hôtes ne résistent pas. Mélodie est différente. Elle veut vivre. Mais elle ne plus maintenant que je suis là. Pourquoi je n'arrive à me sortir ce sentiment de culpabilité qui ronge tout mon être ? Je me lève et m’approche du miroir. Mes yeux brillent, ils me rassurent. « Moi, ils me dégoûtent. » crache-t-elle. Machinalement, je les baisse pour regarder mes pieds. « Pourquoi t’obstines-tu à vivre alors que tu as perdu toute ta famille ? » demandé-je d’une voix timide. « Je veux le faire pour eux ! Vous les avez effacés et tués ! Mon frère a préféré mourir plutôt que d’être écrasé par l’un des tiens ! ». Mélodie est en colère. Sa haine m’habite entièrement. Quand je relève le regard sur mon reflet, mon visage est presque déformé par sa rage. Elle se débat, dans mon crâne. Je porte une paume sur ma tempe. Mélodie me fait mal. « Arrête, s’il te plaît ! » crié-je. Mais elle ne m’écoute pas. Je perds le contrôle. Je ne suis pas assez forte face à elle, face à sa fureur. Mes jambes se mettent à courir et je vois la fenêtre s’approcher rapidement de moi. Elle saute, et je hurle. Notre corps tombe dans le vide. Nos mains et nos pieds battent l'air. Et quand je m’écrase au sol, la douleur est fulgurante. Elle broie chacun de mes membres, chaque petite parcelle de mon anatomie. « J’ai ressenti la même chose à la mort de mon frère. ». Sa voix est lointaine et résonne dans tout mon esprit. Je sombre dans l’inconscience.

Quand je me réveille, je n’ai plus mal. Je suis allongée dans un lit, sûrement au centre de soin. « Je ne voulais pas nous tuer. » me dit soudainement Mélodie. J’inspire profondément. J’essaye de l’ignorer. Je lui en veux de m’avoir fait ça. Il y avait d’autres moyens moins humiliants. « Justement, c’est ce que je voulais faire. En nous faisant sauter par la fenêtre, j’ai montré aux autres mille-pattes que j’étais encore là. ». Mais ça n’explique pas tout. Je tourne la tête. Une autre personne est là, elle aussi. « Je n’abandonnerais jamais. Et je peux reprendre le contrôle à tout moment, sache-le. ». Ce n’est pas vrai. Et elle le sait. Elle y arrive seulement quand sa colère surpasse mes propres émotions.
« Vous allez bien ? Qu’est-ce qui vous est arrivé, à vous ? » demandé-je à l’autre âme qui partage ma chambre. Nos médicaments guérissent nos corps en un instant mais il nous faut le temps de récupérer un peu quand l’accident est trop grave. Je suis curieuse de savoir ce qu’il est arrivé à cette âme.

Allongée, les yeux clos, elle tourna encore et encore dans ce lit aux draps trop tirés, trop parfaits et surtout, trop blancs. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux. Du moins, une partie d'elle ne le voulait pas. « Dis le. Micah. Je suis là. » Non. Elle se refusait totalement à l'écouter. Fermer les yeux de la sorte lui donnait l'impression de dormir et de rêver. Elle espérait qu'en les ouvrant à nouveau, l'hôte, bien trop résistante, partirait pour de bon, la laissant en paix avec elle même. Comme pour la forcer à se réveiller de ce mutisme idiot, Micah envoya tout un tas d'images, de souvenirs. Elle commença par ceux de sa presque mort. Bien malgré elle, Pensée senti son corps se raidir puis frissonner d'effroi. Non, elle ne voulait pas. C'était bien trop douloureux et affreux à vivre encore et encore. Comment Micah y arrivait-elle ? « Je n'y arrive pas. Je le subis et je n'ai pas le choix. » Pensée commençait à trembler et, dès lors qu'elle le remarqua, elle inspira longuement, ne voulant pas que cela se remarque. Elle pouvait dominer. Etre maîtresse de son corps et de ses pensées. Elle le devait. Mais à chaque pensée, Micahëlle venait faire intrusion avec son sarcasme et son ironie légendaire. Pensée commença à se demander si, dans sa vie humaine elle avait eu beaucoup d'amis à cause de se trait de caractère. « Oui. J'étais quelqu'un avec des amis. Tu me rends comme ça. Et si tu n'es pas contente, va t'en, parasite. » Et voilà qu'elle recommençait. Encore et encore. Pensée avait l'impression de vivre dans un cercle vicieux. De ne pas pouvoir en sortir. Micah ne faisait pas d'efforts. Et malgré ses essais, sa compassion, l'âme sentait que ce n'était encore pas assez. Cependant, elle ne pouvait pas lui donner ce qu'elle désirait le plus au monde, à savoir son corps. « C'est dommage. J'aurais aimé te connaitre comme ça. Je t'aurais sûrement apprécié d'avantage. » Elle avait chuchoté, de peur d'être entendue par quelqu'un, ce qu'elle voulait éviter à tout prix. Elle ne voulais pas qu'on la retire de cette hôte. Cela voudrait dire qu'elle était trop faible, qu'elle était un pois sauteur. Mais elle n'eu aucune réponse de la part de l'humaine coincée en elle. Pensée soupira et se tourna à nouveau dans le lit.

Micah les avait amené ici. Elle avait attrapé un couteau et avait commencé par s'entailler le bras. Le message qu'elle voulait faire passer était plutôt clair : elle voulait mourir plutôt que d'être coincée dans sa tête avec un parasite. Pensée l'avait compris depuis le temps mais la rebelle continuait, espérant que ça finirait par marcher. Arrivant au centre de soin, elle avait menti. Pour la première fois. Les âmes n'étaient pas censé mentir, ce que Micah n'avait pas tardé à lui faire remarquer, rendant l'âme encore plus mal à l'aise. Puis, en sortant du centre de soin, Micah avait de nouveau prit les rennes et les soigneurs qui la pensaient mal en point avait préféré la garder. C'était plus sur. Pensée espérait que son hôte serait plus calme. En vain.

Entendant du bruit, la blonde dû se résoudre à ouvrir les yeux. Se redressant, elle regarda les soigneurs amener avec eux une jeune femme, brune. Elle devait avoir son âge. Celui de son corps du moins. « Mon corps. C'est mon corps ! » Pensée frissonna et détourna le regard, le portant sur le plafond. Du moins, jusqu'à ce que la jeune femme à coté d'elle ne lui adresse la parole. Les yeux à l'origine bruns-verts se tournèrent vers elle. Un petit sourire timide accompagna ce regard. « Oh, ça va. Je suis ici à cause de ma maladresse. Je me suis coupée et en sortant, j'ai glissé. Ils ont trouvé plus sur de me laisser ici pendant quelques heures. Et vous ? »