♥Find the person you love the most and this person became a soul. Wait, what?

Je m'étais encore réveillé en sursaut, comme pratiquement tous les matins. Je ne pouvais pas avoir mes propres rêves, tout ce que je voyais dans mon sommeil, c'étaient des bribes de souvenirs d'Ash. Je m'étais redressé et assis au bord du lit, en repensant à toutes ces connaissances, toutes ces amitiés, tous ces amours de son passé, tout cela ne faisait que me rappeler la promesse que j'avais faite à mon hôte. Retrouver ces gens, retrouver ceux qui faisaient son passé, qui faisaient sa vie. Cette nuit-là, j'avais revu ces journées banales, où cette adolescente venait me rendre visite... ME rendre visite avait rectifié Ash du fond de ma tête. Il l'adorait, et l'omniprésence de l'humain dans mes pensées, m'avait forcé à partager cette affection. Je me passais les mains sur le visage, et jetais un coup d’œil aux chiffres digitaux rouges sur le réveil. Je m'étais réveillé avant qu'il ne sonne. Je désactivais donc l'alarme puis me levais enfin pour me préparer et aller au garage. Arriver en avance me permit d'avancer sur certaines voitures dont la réparation était légèrement en retard. Je tenais ce petit garage tout seul, les âmes prenaient soin de leur voiture, alors je n'avais pas tellement de travail.

La matinée fut calme, et il n'y eut pas beaucoup de clients. Et leurs problèmes étaient rapidement règlés, une vidange à faire, des freins à changer, bref pas de grosse panne. Ce qui me permit de travailler sur l'ancien projet de Ash: retaper une vieille Ford Mustang des années 70. J'avais trouvé par le biais de cette voiture un moyen qu'Ash me laisse un peu de répit. Il adorait tellement cette voiture qu'il m'ignorait pendant que je m'en occupais. Ce qui le liait à cette voiture m'échappais, mais Ash m'avait dit que c'était un truc que les parasites ne pouvaient pas comprendre. Il y avait bien d'autres choses que je comprenais pas chez les humains, des choses bien plus compliquées que l'amour d'un homme pour une machine. Je rendis ses clés à mon dernier client, qui partit du garage comme il était venu. Le fait que les âmes ne payaient rien faisait enrager Ash, et cette rage se traduisait en moi comme un grincement de craie sur un tableau, m'arrachant un frisson. Ash avait trouver le moyen de me faire souffrir, et avait cessé d'en abuser depuis que je lui avais fais cette promesse. Mais parfois, j'avais l'impression qu'il ne le faisait pas forcément exprès. Je m’attelais à nouveau à la tâche qu'était la rénovation de cette vieille voiture, m'autorisant même à siffloter

Un heure plus tard, j'entendis des pas entrer dans le garage. « Je termine ça, et dans trente secondes, je suis à vous! » dis-je d'une voix forte pour que l'on puisse m'entendre à l'autre bout du garage. Les mains dans le moteur, la tête sous le capot ouvert, je ne réalisais pas du tout que c'était une partie de la vie d'Ash qui se tenait à quelques mètres derrière moi. C'est alors que j'entendis sa voix, qui, dans un gémissement, prononça le nom d'Ash. Mon cœur rata un battement tandis que je fis tomber la clé à molette que j'avais dans la main. Aucune âme ne connaissait le nom d'Ash à part le soigneur qui avait fait ma transplantation, et les traqueurs d'Ash. De plus, il n'y avait qu'un humain pour mettre autant d'émotion dans un simple mot. Retourne-toi! fulmina Ash. Elle va voir mes yeux, tu y a pensé à ça? Je m'en fiche! Je veux juste... je veux juste en avoir le coeur net. Alors maintenant BOUGE! Et Ash reprit le contrôle, juste assez longtemps pour me forcer à me retourner. Lorsque je la vis, je faillis défaillir, et il fallut que je m'accroche à la voiture car j'avais l'impression que mes jambes me lâcheraient d'une seconde à l'autre. Ash était aussi choqué que moi, puisqu'il ne réagit pas tout de suite. « Anaëlle... » Elle est en vie! Il avait crié si fort que je ne pus réprimer une grimace de douleur. Et elle est humaine! Comment peux-tu le savoir? Elle garde ses lunettes, alors qu'il fait super sombre dans le garage. C'est vrai, mais mieux vaut éviter de tirer des conclusions hâtives...Je la regardais plus en détail, elle semblait si différente des souvenir d'Ash. Elle avait du vivre tant de choses en deux ans. Elle devait avoir seize ans désormais, mais avait réellement l'air d'une femme, il n'y avait plus de trace de l'enfant. J'aurais tellement aimé voir ses yeux, et je priais qu'elle ne s'en aille pas en courant en voyant les miens...

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Les souvenirs repassaient à une vitesse folle dans ma tête, et leur intensité était telle que je savais que ce n'était pas réellement moi qui me rappelais. C'était Ash qui se remémorait les bons moments qu'il avait passés avec elle. Il se revoyaient, un soda à la main, un soir d'été, assis sur le pas de la grande porte du garage, à regarder les voitures passer en discutant de tout et de rien. Ash lui avait tant de fois montré ce genre de souvenir que je les connaissais par cœur. Et maintenant, elle était là, devant lui. Elle retira ses lunettes et je me pu réprimer un sourire qui n'était pas totalement le mien. Mais ce sourire se fit triste, car je savais que je pouvais être soulagé qu'elle soit en vie, mais qu'elle ne me croirait. Et Ash le savait. Elle s'approcha, jusqu'à ce que seulement quelques centimètres ne nous séparent, et je la fixais de mes prunelles cerclées d'argent. Comme elle a grandit... souffla Ash. Je devais désormais me retenir de l'enlacer, c'était une pulsion qui n'était pas la mienne, Ash essayait de forcer les barages pour prendre le contrôle une nouvelle fois. Arrêtes ça! Ne complique pas plus les choses qu'elles ne le sont déjà. MAIS PUTAIN ANAËLLE EST LA ELLE EST VIVANTE ET HUMAINE. Je portais une main à ma tête en poussant un grognement de douleur. Mais je n'eus pas le temps de m'attarder sur cette douleur lancinante qui me vrillait le cerveau, car la jeune femme me plaqua contre le mur, en pointant un couteau contre ma poitrine. Tandis que je fixais la lame dirigée vers mon cœur, je me pris une gifle sans comprendre ce qui m'arrivait. Décidément les humains avaient un comportement bien étrange. Ash bouillonnait littéralement à l'intérieur de ma tête, la douleur était désormais continue, m'empêchant de me concentrer parfaitement sur la situation. Elle se mit à me crier dessus, je clignais à peine des yeux, car pour l'instant j'essayais plutôt de calmer mon hôte. Mais explique-lui! Dis lui que je suis là! Tu vois pas qu'elle va te massacrer ? Facile à dire! Si tu pouvais te taire, et me laisser faire, aussi... C'est alors que la jeune fille demanda si Ash était encore à l'intérieur. Et toute la souffrance de Ash se propagea alors dans mon corps, car la voir souffrir ainsi lui faisait atrocement mal. Je déglutis, tandis que mes yeux s'humidifièrent légèrement. J'avais gardé le silence jusqu'à ce moment, et alors que je m'apprêtais à lui répondre, elle se remit à me crier dessus. « Je ne pensais pas pouvoir le dire un jour, mais oui, il est toujours à l'intérieur. Et il n'est pas des plus tendres avec moi. Libre à toi de me croire ou non. Je ne suis qu'un parasite, après tout. Je... Je peux tout t'expliquer si tu veux, et je jure que je dirais toute la vérité. » J'essayais de rester calme, et le ton de ma voix se faisait doux. Je me sentais soudainement affreusement coupable d'être dans ce corps, de provoquer tant de souffrance. Et Ash se sentait coupable de l'avoir laisser tomber il y avait désormais deux ans. Allait-elle me croire? Je l’espérais sincèrement, mais elle n'avait aucune raison de croire ce qu'elle appelait un parasite. J’espérais juste qu'elle ne me tuerait pas, elle réduirait à néant les espoirs de voir Ash revenir à la vie. Elle n'est pas aussi bête, dit Ash avec sarcasme. Je t'en prie Ana', ne fais pas cette erreur...